Ce mardi 4 novembre, dans le village de Barama, commune de Laye, région du Oubri, Justin Sawadogo, surnommé Koom Naaba « le chef de l’eau » en langue mooré, est en pleine mission. Sourcier de son état, il parcourt les villages et quartiers périphériques de Ouagadougou à la recherche de points d’eau, armé de ses baguettes métalliques et de sa concentration.
Il est 5h40 sur la route de contournement nord de Ouagadougou. Malgré le froid matinal, Justin, la trentaine, est déjà en route pour Barama.
À 7h moins, nous arrivons sur un terrain d’environ un hectare. Le vent est sec, le soleil s’élève lentement. Sous un arbre, Justin dépose son sac, en sort deux baguettes de fer d’environ un demi-mètre chacune. Il en tient une dans chaque main; paumes refermées. Le regard concentré, il avance lentement.



Par moments, il accélère le pas, puis ralentit. Une première fausse alerte. Il reprend la marche. Cela fait près d’une heure qu’il se laisse guider, le regard rivé sur ses baguettes.
Soudain, il s’immobilise. Les tiges métalliques se croisent. Il observe longuement, marque un point au sol du bout du pied. Le premier point d’eau est trouvé. Quelques minutes plus tard, un second est repéré.
Justin sort alors une troisième baguette, plus courte, qu’il utilise pour vérifier le débit des sources détectées.
« Ces deux points cumulent jusqu’à trois mètres cubes « , précise-t-il.
« Dire que mes baguettes sont magiques, c’est trop dire »
« Cela fait trois ans que je pratique ce métier », confie-t-il avec assurance.
« Dire que mes baguettes sont magiques, c’est trop dire. Elles m’ont été remises par mon père après ma formation. C’est lui qui m’a tout appris », insiste-t-il.
Pas de rituel particulier, selon lui, mais une forte connexion avec la nature.
‘ Il faut se concentrer, être en phase avec le sol. Nous sommes en Afrique : quand j’arrive dans un village, je demande toujours la permission des propriétaires terriens avant de commencer. », mentionne Justin Sawadogo.
Un métier qui nourrit son homme
Le métier de sourcier permet à Justin de vivre dignement. Ses prestations varient entre 50 000 et 100 000 F CFA, selon la taille du terrain et la complexité du sol.
» En une année, je peux détecter au moins une centaine de points d’eau. J’arrive à subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille « , explique-t-il, sourire aux lèvres.
Une fois les points d’eau identifiés, place à l’étape suivante : le forage.
Et pour Justin Sawadogo, chaque source trouvée est une victoire.
S.N/ Tiiga info





Puisse Dieu bénir.